lundi 21 juillet 2008

Instructions zens pour faire la vaisselle


De retour d'une semaine zen au Centre Graf Durkheim...à Mirmande avec Jacques Castermane ...

Si vous devez faire la vaisselle, que cette activité ne vous donne aucun souci.
Même si la vaisselle est importante, la pile d’assiettes haute, les plats gras et les verres ternis, du fait de l’activité passé du repas de nombreux convives, que l’évier lui-même porte encore les traces de préparation du repas, que tout cela ne vous inspire aucun dégoût !
Soyez dans la légèreté de l’acceptation de ce qui est.
Considérez la tâche à venir comme infaisable, irréelle.

Seul compte désormais le geste de remplir les bacs et d’y ajouter le liquide vaisselle.
Il est essentiel à cet instant que vous mesuriez l’intensité de l’aisance qui naît soudain dans la perception fine qu’ont vos mains de la température d’eau qui convient.

Vous êtes soudain immergé dans l’instant, comme le verre dans l’eau est dans l’acte de se défaire de sa terne apparence.
Une assiette que l’on fait se choquer sur le bord de l’évier est le signe de l’emportement de celui qui la tient : ce n’est pas le fait d’une personne sur la Voie zen.
Appliquez-vous à manipuler chaque verre, chaque assiette, chaque couvert de façon impeccable.

Si l’acte de laver la vaisselle ne vous apparaît pas encore dans toute son importance, essayez l’aquarelle. Dans l’acte de peindre comme dans celui de (bien) faire la vaisselle, vous exercerez la soumission – soumission à la pointe du pinceau, qui est l’image parfaite de la pointe acérée de l’instant présent que vous exercez dans l’acte de faire la vaisselle.
Vos pensées sont comme un troupeau de buffles affolé par un feu de brousse que leur course folle noie bientôt dans un marécage : elles vous entraînent hors de l’espace de votre réalité… et vous n’êtes plus au monde.

Vos doigts qui caressent l’éponge, la brosse qui tournoie pour mieux évanouir les traces du repas sont l’incarnation, la réalisation même de l’ultime : ils vous enseignent à l’instant le corps sacré du réel.
Le verre est devenu simple verre : vous êtes ce que vous êtes.

L’exercice de cette extraordinaire expérience de métamorphose dans la pointe de vos doigts (ou celle du pinceau) est le caractère même de l’activité du bouddha dont bénéficient tous les êtres.
D’après Maître Dôgen
(Tous droits réservés, ne pas reproduire sans inclure cette ligne  : Source blog http://aquaryoga.blogspot.com,  J.A.E., auteur )

6 commentaires:

  1. je sens que c'est possible , si il y a un accord ENTIER pour être là dans l'action consciente ...
    hors , la plupart du temps , il y a une pensée qui dit : " j'aimerais être ailleurs", ... et c'est la division !
    toutefois , l'intention de revenir au présent et se détendre dedans aide et permet d'atteindre une relative unité.
    Rares sont les moments où l'on attend rien d'autre que ce qui est !

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  2. alors, ce séjour?
    anne c

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  3. Non, pas relative, totale.
    L'expérience montre que si je suis totalement présent dans l'action, parfaitement détendu, uni dans ce qui est, il y a une magie qui opère...on est plus que " cela ", sans rien d'autre. Cela, ou Un. C'est la même chose, c'est sans doute le début du chemin d'unité. Et c'est une impression merveilleuse ...et aussi un peu effrayante, car soudain " je n'étais plus Jérôme "

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  4. Comme le dit Sainte Thérèse d’Avila :
    « l’important n’est pas de penser beaucoup mais d’aimer beaucoup.
    Oui, je crois à l’amour, un amour pour tous, mais aussi pour tout, basé sur la justice, le respect de l’autre quel qu’il soit ; Aimer : un acte exigeant qui engage dans les faits et les gestes. Cela veut dire donner de son temps, de ses capacités, prendre position, un engagement qui peut nous mener loin comme nous l’a montré Jésus."

    Et comme dit la petite Thérèse de Lisieux : aimer tout ce que l'on fait dans les moindres détails, en conscience divine, jusqu'à aimer ramasser une petite épingle au sol !

    Vive le ménage, le repassage, la vaisselle et les corvées.
    Faire en conscience, avec son coeur, le mieux qu'on puisse le faire, dans le calme intérieur et l'amour de ses actes, si ingrats soient-ils !

    Merci Jérôme de ce post bien écrit. Bonne journée à tous

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