dimanche 15 avril 2012

Histoire balinaise

Ni Pollock, d'après Le Mayeur, détail huile en cours

Il y avait dans l'île de Bali, il y a bien longtemps, un roi qui était le plus puissant roi que la terre de Bali ait jamais porté. Il était entouré d'une cour brillante, dans laquelle la danse, la musique et les arts tenaient toute la place. Cependant, il advint qu'arrivèrent bientôt  sur l'île des étrangers à la face claire en grand nombre. Leurs manières étaient frustes et ils montraient beaucoup de violence pour les hommes de l'île et une concupiscence incongrue pour les femmes qui en ce temps-là ne couvraient que le soir venu leur poitrine. Ce roi en conçut une grande tristesse et il alla au devant de ces hommes venus des mers et leur proposa de vivre en bonne intelligence, accordant même s'ils le souhaitaient de pouvoir épouser les femmes d'ici, à la condition de respecter leur condition et leur rang. Il y avait en effet en ce temps là quatre rangs dans la société et parmi ceux-ci, celui de gusti était le plus élevé. 
Les étrangers refusèrent la proposition, préférant par la violence et l'intimidation obtenir les épouses qu'ils voulaient sans distinction pour leur caste ou leur origine. 
Après plusieurs jours d'échanges au cours desquels le roi leur offrit ce qu'il se produisait de plus beau en matière d'art picturale et d'artisanat en sa cour, les échanges cessèrent. Ces hommes d'ailleurs n'entendaient rien et n'étaient guidés que par leurs instincts et rien d'autre n'avait d'importance à leurs yeux. 
Ce roi s'enferma alors dans sa cour pour tenir conseil. Il avait entendu que les étrangers avaient déjà conquis une partie de l'île et que des princes s'étaient sacrifiés plutôt que de céder à leur exigence. 
Ce roi qui était le dernier roi de Bali s'inclina donc devant la force violente qui caractérisait ces demi-hommes. Il vint au devant des assaillants hollandais et se sacrifia ainsi que toute sa cour devant l'armée des hommes blancs, en s'enfonçant un kriss dans l'abdomen sous leur regard ébahis. Ce fut le dernier " puputan " de toute l'histoire de l'île. C'était en dix-neuf-cent cinq. 
Depuis lors, l'île a soigné ses blessures et est redevenu un paradis pour les étrangers qui y séjournent. Tout y est délicat et raffiné jusqu'aux vagues de Kuta, plus formées que celle d'Hawaï et qui font la joie des surfeurs australiens...
Bali a retrouvé sa splendeur d'antan, par le pardon et la réconciliation. 

Une bombe explosa un jour d'octobre deux-mille deux : elle n'était pas balinaise, car ce peuple est le plus pacifique et aimant que la terre ait jamais porté.


(tous droits réservés, ne pas reproduire sans inclure cette ligne -  source : http://aquaryoga.blogspot.fr , Jérôme André - Elvah,  auteur) 

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